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mardi 22 mars 2011

Aucune Nouvelle


Osho,
Voudriez-vous commenter ce beau poème de Rumi que j'aime tant ? :

« Au-dehors, la nuit du désert glaciale.
Au-dedans, cette autre nuit s'échauffe, s'enflamme.
Laissons le paysage se couvrir d'une croûte épineuse.
Ici, à l'intérieur, nous avons un doux jardin.
Les continents dévastés, les cités et les bourgades,
tout se transforme en une boule brûlée et noire.
Les nouvelles qu’on nous rapporte
sont lourdes de chagrin pour le futur.
Mais la vraie nouvelle, c'est qu'ici, au-dedans,
il n’y a aucune nouvelle. »

Le poème de Mevlana Jalaluddin Rumi est beau, comme toujours. Il n'a dit que de belles paroles.
C'est l'un des poètes les plus marquants, qui fut aussi un mystique. C'est une combinaison rare dans le monde, il y a des millions de poètes, mais très peu de mystiques, et trouver un homme qui soit les deux est rarissime.

Rumi est une fleur peu commune. Il est aussi bon poète que mystique. C'est pourquoi sa poésie n'est pas que de la poésie, qu'un bel agencement de mots. Elle recèle une signification immense, elle montre la direction de la vérité suprême.

Elle n'est pas divertissement, elle est illumination.

II dit : « Au-dehors, la nuit du désert glaciale. Au-dedans, cette autre nuit s'échauffe, s'enflamme. » L'espace du dehors n'est pas votre véritable espace. Dehors, vous êtes un étranger : dedans, vous êtes chez vous. Dehors, c'est le désert, la nuit est glaciale. Dedans, il fait chaud, c'est accueillant, confortable.

Mais rares sont ceux qui ont assez de chance pour passer de l'extérieur à l'intérieur. Ils ont complètement oublié qu'ils ont un foyer en eux ; ils le recherchent, mais ils ne le cherchent pas au bon endroit. Toute leur vie, ils cherchent, mais toujours à l'extérieur ; ils ne s'arrêtent jamais un instant pour regarder à l'intérieur.

«Laissons le paysage se couvrir d'une croûte épineuse. Ici, à l'intérieur, nous avons un doux jardin. » Ne vous souciez pas de ce qui se passe à l'extérieur. À l'intérieur, il y a toujours un jardin prêt à vous accueillir.

« Les continents dévastés, les cités et les bourgades, tout se transforme en une boule brûlée et noire. Les nouvelles qu'on nous rapporte sont lourdes de chagrin pour le futur. »

Ces mots de Rumi ont encore plus de signification, sont encore plus chargés de sens aujourd'hui que lorsqu'il les a écrits. Il les a écrits voilà sept cents ans, mais aujourd'hui ce n'est plus simplement un symbole : cela va devenir la réalité.

« Les continents dévastés, les cités et les bourgades, tout se transforme en une boule brûlée et noire. Les nouvelles qu'on nous rapporte sont lourdes de chagrin pour le futur. Mais la vraie nouvelle, e'est qu'ici, au-dedans, il n'y a aucune nouvelle. »
Ce dernier vers fait référence à un vieux proverbe qui dit : « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. » Je suis né clans un très petit village où le facteur ne passait qu'une fois par semaine. Et les gens craignaient qu'il leur apporte une lettre ; et ils étaient heureux quand il n'y en avait pas. Mais, de temps à autre, il avait un télégramme. La seule rumeur que quelqu'un avait reçu un télégramme était un tel choc pour tout le village que tout le monde se rassemblait - et il n'y avait qu'un homme ayant assez d'instruction pour savoir lire. Tout le monde avait peur : un télégramme ? Cela veut dire une mauvaise nouvelle. Sinon, pourquoi gaspiller de l'argent pour un télégramme ?

J'ai appris depuis ma tendre enfance que pas de nouvelles veut dire bonnes nouvelles. Les villageois étaient très contents quand ils ne recevaient aucune nouvelle de leurs parents, de leurs amis ou de n'importe qui d'autre. Cela voulait dire que tout allait bien.

Rumi dit : « Les nouvelles qu'on nous rapporte sont lourdes de chagrin pour le futur. Mais la vraie nouvelle, c'est qu'ici, au-dedans, il n'y a aucune nouvelle. » Tout est silencieux et tout est aussi beau, aussi paisible, aussi extatique que ça l'a toujours été. Il n'y a aucun changement ; par consé­quent, il n'y a pas de nouvelles.

À l'intérieur, c'est une extase éternelle, pour toujours et à jamais.

Je vais le répéter encore une fois pour que ces lignes deviennent une réalité dans vos vies. Avant que cela ne se produise, vous devrez atteindre en vous cet endroit où il n'y a jamais de nouvelles, où tout est éternellement semblable, où le printemps n'arrive jamais ni ne s'en va, mais où il est éternel, où les fleurs existent depuis le commencement des commencements - si jamais il y eut un commencement - où elles existeront jusqu'à la fin des fins - s'il y a une fin.

En fait, il n'y a ni commencement ni fin, le jardin est luxuriant, verdoyant et plein de fleurs.

Entrez dans votre monde intérieur avant que vos politiciens ne détruisent le monde extérieur. C'est la seule sécurité qui reste, le seul refuge à opposer aux armes nucléaires, au suicide global, à tous ces idiots qui possèdent un tel pouvoir de destruction.

Vous pouvez au moins vous sauver vous-même.

J'avais un espoir, mais au fil des jours je me suis rendu compte de plus en plus de la stupidité de l'homme...

J'espère encore, mais seulement à cause d'une vieille habitude ; en réalité, mon cœur a accepté le fait que seul un petit nombre pourra être sauvé. L'humanité, dans sa totalité, est déterminée à se détruire.

Et ce sont les gens qui vous crucifieront… si vous leur dites comment ils peuvent être sauvés ! Ils vous lapideront jusqu'à ce que mort s'ensuive !

Je voyage autour du monde, et je ris encore, mais mon rire contient une tristesse subtile. Je danse encore avec vous, mais ce n'est plus avec le même enthousiasme que celui d'il y a dix ans.

Il semble que les pouvoirs de la conscience supérieure soient impuissants face aux pouvoirs vils et inférieurs des politiciens. Ce qui est plus élevé est toujours fragile ; comme une rose que vous pouvez détruire d'une pierre. Cela ne veut pas dire que la pierre soit plus élevée que la rose ; cela veut simplement dire que la pierre n'a pas conscience de ce qu'elle fait.

Les foules n'ont pas conscience de ce qu'elles font, et les politiciens font partie de la foule. Ils en sont les représentants. Et quand des aveugles dirigent d'autres aveugles, il est presque impossible de les éveiller ; car le problème n'est pas seulement qu'ils soient endormis - ils sont également aveugles.

Il ne reste plus assez de temps pour soigner leurs yeux. Il reste assez de temps pour les réveiller, mais plus assez pour soigner leurs yeux. C'est pourquoi dorénavant je me limite uniquement à mes disciples. Ils sont mon univers, car je sais que ceux qui sont avec moi dorment peut-être, mais qu'ils ne sont pas aveugles.
Ils peuvent être réveillés.

" Prêtres et Politiciens, la mafia de l’âme" A.L.T.E.S.S édition
©Osho International Foundation

dimanche 20 février 2011

La Religion, le luxe ultime


Osho,
Êtes-vous contre toutes les religions ?
Est-ce que la religion n'est pas quelque chose d'essentiel pour l'être humain ?

Oui, je suis contre toutes les religions, parce que je suis pour La Religion.
Le fait même qu'il y ait tellement de religions prouve que quelque chose est faux à la base; cela prouve que nous n'avons pas été capable de découvrir la vérité au sujet de la religion, parce que la vérité ne peut être qu’UNE - seuls les mensonges peuvent être des centaines. Vous pouvez créer autant de fictions que vous voulez; c’est le fruit de votre imagination. Mais la vérité n'est pas votre imagination.
La vérité est une révélation. Elle est déjà là. Vous n'avez pas besoin de 1'inventer; vous devez la découvrir.

Je suis contre toutes les religions, car toutes ces religions ne sont pas des religions. Si elles étaient des religions, il n'y aurait qu'une seule religion pour le monde entier. Il n'est même pas possible qu'il y ait deux religions - que dire de trois cent religions! - c'est absolument absurde.
C’est curieux que l'être humain continue à tolérer ça. Elles ne sont toutes que des fictions, créées par des gens différents, différentes sociétés, différents lieux. Elles n'ont rien à voir avec ce que la religion est réellement, parce que la religion n'a rien à voir avec la géographie, ni
avec 1'histoire. Ces choses là n'ont pas leur place lorsqu'il s’agit de religion.

Avez-vous jamais pensé à une science nationale, raciale, locale, ou liée à une période de l'histoire, à la géographie?
Si 1'eau bout à cent degrés aujourd'hui, ici, c’est qu'elle a bouilli à cent degrés partout, dans le passé, et elle continuera pareil dans le futur. Que la personne qui fasse bouillir de l'eau soit Juive, Hindoue, Chrétienne, ou Communiste, ne fait aucune différence; qu'elle croit en Dieu, ou qu'elle n'y croit pas; qu'elle soit un pécheur ou un saint. Tout cela ne fait aucune différence; 1'eau bouillira a cent degrés, pareil.
C'est la vérité, et il n'y a aucune raison d'inventer la moindre fiction à ce sujet.
L'expérience religieuse est une vérité. Lorsque vous la découvrez vous ne la trouverez ni Chrétienne, ni Hindoue, ni Musulmane, ni Bouddhiste. Elle n'a rien à voir avec ces mots. Au moment où vous découvrez la vérité religieuse, 1'espace et le temps perdent complètement leur signification. Elle est au-delà du temps et de 1’espace. Elle est immatérielle. Cinq mille ans avant, cinq mille ans après, c’est exactement pareil.
L'univers reste authentiquement le même.
Il ne porte aucun faux visage qu'il utiliserait l'un après l'autre, afin que lorsqu'un masque convient il l'utilise, et que lorsqu'un autre visage convient il utilise celui-là. L'univers n'a aucun masque - il est totalement nu. Il n’est pas comme vous; il n'a aucune personnalité. La vérité n'a aucune personnalité.
Vous, vous n'avez pas seulement une personnalité, vous avez des personnalités; chacun de vous, beaucoup de personnalités, car vous avez besoin de visages différents, dans différentes situations, avec des gens différents.
Quand vous parlez à votre femme, une certaine personnalité vous est nécessaire : celle d'un mari. Quand vous parlez à votre copine, vous parlez autrement; vous utilisez la personnalité d'un amant. Quand vous parlez à un prêtre, vous vous comportez certainement d'une autre façon encore.
Et quand vous parlez à un employé, vous comportez-vous de la même façon que vos le feriez avec le rabbin, le pape, ou le mahatma?
Non! Quand 1’employé traverse la pièce, vous ne remarquez même pas que quelqu'un passe. L'employé n'est pas humain. Vous ne lui dites pas "Hello!"; il ne 1'attend pas de vous non plus. Il va et vient, fait son travail - c'est un robot, il est payé pour ça. Vous, vous lisez votre journal, vous n'avez même pas un regard pour lui. Vous ne lui demandez rien, pas même "Comment allez-vous?" Non, personne ne le demande; vous êtes le maître.
Mais quand vous allez au bureau et que vous êtes devant votre patron, la situation s’inverse - maintenant c'est vous 1’employé.
Vous, vous êtes assis et le patron regarde ses dossiers comme si vous n'étiez pas là, comme s'il n’y avait personne. Et peut-être regarde-t-il ces dossiers sans aucune raison réelle. Il tourne simplement les pages pour vous faire voir de qui vous dépendez - il n'a nul besoin de vous prêtez la moindre attention.
Si vous vous observez vous-même, vous verrez combien de fois, en vingt quatre heures, vous changez de personnalité. C’est devenu un processus tellement automatique que vous n'avez aucun effort à faire pour en changer; le changement est devenu automatique. Vous voyez votre femme arriver - votre personnalité change automatiquement. Vous voyez votre patron arriver - votre personnalité change automatiquement. C'est votre routine depuis tellement longtemps, que maintenant. . . Vous avez une chose à comprendre au sujet de 1’être humain: c'est que le mental de 1'être humain a une partie robotique en lui.
Quand vous apprenez quelque chose, vous devez faire attention. Si vous apprenez par exemple à conduire, vous devez être alerte, faire attention à tellement de choses; la route, les gens, les autres véhicules qui circulent. Vous devez faire attention aux vitesses, au volant, à l’embrayage. Et quand quelqu'un apprend, au début, il trouve très difficile d'avoir à faire attention à tant de choses à la fois.
Une fois qu'on appris, qu'arrive-t-il?  Vous pouvez alors conduire en chantant, en parlant, en écoutant la radio. Votre mental a fait passer "conduire" dans une autre section, et cette section est la partie robotique du mental- C'est maintenant le robot qui s'occupe de tout ce dont vous aviez à vous occuper au début.
La même chose se passe en ce qui concerne vos personnalités.
Vous n'êtes donc même pas conscient que vous en changez aussi rapidement - ça ne fait aucun bruit, c'est invisible - mais si vous regardez, vous verrez que tout a changé.
Je voyageais un jour, en train, entre Delhi et Amritsar.
Dans mon compartiment il y avait une femme, jeune, très belle. Et à chaque arrêt, 1'homme qui voyageait avec elle - il n'avait pas pu obtenir de siège dans le coupé, parce que dans ce type de compartiment il n’ y a que deux places - il était donc obligé d'être dans un autre compartiment - mais à chaque arrêt, il arrivait en courant, en apportant ou des fruits, ou des bonbons, ou ceci, ou cela.
Je lui ai demandé: " Êtes-vous marié avec cette femme?"
Il me répondit : "Oui. On est marié depuis sept ans."
Je lui dis: "C’est pas la peine de me mentir. Vous n'êtes même pas marié depuis huit jours."
Ça le choqua, mais il dit: "Comment 1'avez-vous découvert?"
Je lui dis : "Ceci est parfaitement suffisant: aucun mari ne viendrait à chaque arrêt avec des fruits, des bonbons, en demandant 'As-tu besoin de quelque chose?, et en embrassant, en enlaçant!  Aucun mari,..  et marié depuis sept ans? Impossible! Vous n'êtes pas marié du tout".
Il répondit: "C'est vrai. Elle est la femme de quelqu'un d'autre. Je suis moi aussi marié, et marié depuis sept ans, mais avec une autre femme. Et avec cette femme - ce que vous dites est bien ce que je fais. Même si je peux obtenir un siège près d'elle, je ne le prends pas. Je voyage dans un autre compartiment, en trouvant une excuse. Et quand je l'ai laissée dans son compartiment, je ne la revois plus avant que l'on descende au prochain arrêt, pour se retrouver."
Et il me demanda: "Mais comment 1'avez-vous découvert?" Je lui dis; "C’est pas bien sorcier, c'est tellement simple. Même après huit jours de mariage, ce comportement stupide que vous vous acharnez à avoir, ici, à chaque gare, se serait arrêté, il aurait disparu, car ce comportement c'est le jeu préliminaire, pas le jeu d'après!"
II demanda :"Que voulez-vous dire par jeu préliminaire et jeu d'après?"
Je lui dis: "Exactement ces mots: jeu d'avant..." Avant d'avoir obtenu ce que vous vouliez de la femme, c'est le jeu préliminaire; vous êtes en train de la persuader. Et ce que vous faites avec votre épouse, c'est le jeu d'après: maintenant vous espérez d’une manière ou d’une autre que le compartiment se renverse dans la rivière, déraille... qu'un miracle arrive, pour que vous n’ayez plus à rencontrer encore cette femme à la station qui arrive, et où vous devez descendre. Et vous pensez à des milliers de choses, qu’après tout, des miracles se produisent parfois, elle peut bien disparaître! Quelqu'un va peut-être l’enlever, ou la tuer; tout est possible dans ce vaste monde, il y a tellement de choses qui arrivent tous les jours.'
Mais rien ne se passe. Vous retrouvez votre femme à l'arrivée, vous êtes là, à lui dire des douceurs 'Combien j'attendais d'être avec toi, combien tu m'as manqué, je ne t'ai pas oublié une seule seconde.' Certainement vous vous en êtes rappelé, mais d'une toute autre façon!"

L'existence n'a pas de personnalité. Il n'est donc pas questions de plusieurs personnalités, elle est simplement ce qu'elle est. Expérimenter l'existence telle qu'elle est, c'est connaître la vérité. Le plus simple est d'agir à partir de votre propre centre, car c'est là que vous êtes lié à l'existence. Vos mains peuvent toucher une fleur; vos yeux peuvent voir la couleur des nuages, du ciel, du lever du soleil. Vos oreilles peuvent entendre la chanson des oiseaux, le son de l'eau qui coule, ou juste le vent passant à travers les arbres; ou, à 1’automne, les feuilles qui tombent silencieusement, mais qui murmurent quand même quelque chose. . .
Mais il y a une "distance" entre vous et le nuage, entre vous et la feuille qui tombe, entre vous et les étoiles.
Aussi proche que vous arriviez à être, il y a toujours une séparation.
Le mot même d’"intimité" signifie deux personnes, deux choses, pas une. Il reste un intervalle, aussi proche que vous puissiez être. Un espace est là, quelle que soit 1’intimité.

C'est dans une affaire d'amour que vous arrivez à être le plus proche d'une personne, pour quelques instants peut-être - je ne dis pas pour quelques heures, ou quelques jours - peut-être que pendant quelques instants, vous arrivez à être le plus proche possible d'une personne, mais cependant. . . il y a un intervalle. Vous pouvez crier, mais votre cri ne pourra pas atteindre son but. Vous pouvez étendre votre main, mais vous ne pouvez pas toucher…
L'intervalle, aussi petit qu’il soit, est cependant assez grand pour que vous restiez deux entités séparées.
Vous aimeriez devenir un, et c’est le drame de tous ceux qui  s'aiment, et c'est aussi la raison pour laquelle toute histoire d'amour échoue. C'est obligé, car ils essaient  de réussir 1'impossible.
Ce n'est la faute de personne. Ils arrivent très proches. . .  le moment d'intimité est tellement beau qu'ils aimeraient  devenir encore plus proches, mais il y a une limite.
Quelle est la restriction?
L'autre est l'autre, et il n'existe aucun moyen pour que vous deux puissiez devenir un !

Jean-Paul Sartre a dit, "L'enfer, c'est l'autre." Cet homme n'est pas un psychanalyste, mais il est souvent arrivé que des peintres, des poètes, des romanciers, des auteurs dramatiques, des artistes en soient venu à découvrir quelque chose que les soi-disant experts, qui étaient supposés faire ces découvertes, cherchent, cherchent, et ne trouvent jamais!

Freud n'a jamais découvert que 1'autre était 1'enfer - ni Jung, ni Adler, ni toute la compagnie qui les a suivi. Jean-Paul Sartre, dans cette courte déclaration, dit quelque chose de tellement vrai et de tellement profond que c'est une révélation - l'autre est 1'enfer. Pourquoi?
Parce que vous voulez vous fondre, vous mélanger, de telle sorte que ce "deux" disparaisse, et que vous deveniez un, unifié. . . afin que vous puissiez voir par les yeux de votre bien-aimé-e, et que vous puissiez sentir, et que vous puissiez goûter, et que vous puissiez entendre - plus comme un être séparé, mais comme faisant un avec la personne que vous aimez - afin que vos deux centres sautent l'un dans l'autre et deviennent un seul centre !
C’est là que la profonde intuition de Sartre se révèle. Il dit : "L’enfer, c'est 1'autre."
Il n’y a aucun moyen…

L'autre reste l'autre, et il continuera à rester l'autre. Quoi que vous fassiez, tout échoue. Et ce n’est pas la faute de 1'autre. L'autre est exactement pareil, en train de faire tout ce qu'i1 peut… mais vous restez l'autre ! Les deux essaient, mais ils vont échouer; car ce qu’ils désirent est impossible.
Leur solitude est leur être même.
Aucune transgression n'est possible, vous ne pouvez pas violer 1’intégrité de 1'être de quelqu'un d'autre, entrer dans 1'être de quelqu'un d'autre. C'est heureux que vous ne le puissiez pas, car si les gens étaient capables de violer 1'intégrité de 1'être des autres, il n'y aurait alors plus aucun espoir pour 1'humanité. Il n’y aurait aucun espoir qu'une réelle liberté existe, jamais.
Car pourquoi, si une personne peut violer l’intégrité de votre être, pourquoi pas des tas d'autres aussi? Si c’était possible, plein de personnes pourraient le faire. Votre pureté, votre sacré, votre individualité, perdrait toute signification.
Sartre a raison. Il a vu le point, que 1'autre restera toujours 1'autre, et que le cœur aimant veut devenir un avec le bien-aimé-e. Il échouera. C'est le grand drame de ceux qui s'aiment. Personne ne connaît autant la détresse que les amants. Personne ne connaît la souffrance comme eux.

Quand il dit que l’enfer c'est 1’autre, il dit beaucoup de choses. I1 dit qu'i1 n'y a pas d’autre enfer que celui-là - que c’en est la seule expérience : quand vous êtes si proche et que vous sentez qu'il n'y a plus qu'un pas à faire, et que le paradis est à vous… mais avec ce pas là vous ne pourrez pas vous rencontrer.
Le but est devant vous. Vous êtes à la porte, mais quelque part vous ne pouvez même pas frapper à la porte. Elle est là, elle vous attend, non seulement elle vous attend, mais elle vous accueille, mais d'une certaine façon vous êtes paralysé. Il y a comme un cercle invisible autour de 1'autre personne et ce cercle vous ne pouvez pas le traverser, et à ce moment même vous allez prendre conscience que le même cercle existe autour de vous. Les cercles, quand ils deviennent proches, se touchent 1'un 1'autre, mais c'est seulement à la périphérie. Plus que cela n'est pas possible.

Faire demi-tour à la porte du paradis, c'est 1'enfer. II n'y a pas d'autre enfer.
La réalité entêtée de l’autre, le fait qu’il restera l’autre, devient votre échec, et devient 1’échec de l’autre personne aussi. Et vous ne pouvez pas non plus rester figé à ce point !

Essayez de comprendre: dans 1’existence, dans la vie, rien ne reste statique; ou vous allez de 1'avant, ou bien vous partez ailleurs. Aller plus loin, vous ne le pouvez pas, un mur invisible heurte votre tête et il n’y a aucun moyen - et rien ne reste statique, vous partez alors ailleurs… et le souvenir cuisant de l'échec, le souvenir si douloureux d'être arrivé si proche et cependant de le perdre...
C’est dans 1’amour que vous pouvez arriver le plus près, mais l’amour devient angoisse; à l'ultime fin, 1'amour tourne à 1'angoisse.
Bénis soient ceux qui n’ont jamais aimé, parce qu'ils ne sauront jamais que l'autre est l'enfer !
Pour vous protéger de cette expérience, toutes les sociétés ont essayé, d'une façon ou d’une autre… que 1'amour ne puisse pas arriver - pour cela le mariage est une bonne chose. Naturellement, en vivant avec quelqu'un pendant des années, vous aurez une certaine camaraderie, un certain besoin de 1'autre. L'autre devient une habitude.
Si votre femme s'en va pour quelques jours, vous êtes complètement perdu. Vous vouliez qu’elle parte pour quelques jours au moins, et quand elle part vous êtes perdu. Vous ne pouvez même pas trouver vos chaussures! Vous êtes incapable de trouver ce dont vous avez besoin dans la maison.
Tout à coup votre femme vous manque - et vous croyez que c'est à cause de 1’amour? Non, elle est devenu une habitude pour vous, elle a pris en main toutes les tâches de la maison; sans elle vous êtes complètement perdu, que faire? Même d'être en conflit avec elle fait maintenant partie de votre vie. Il n'y a plus personne avec qui se quereller dans la maison. Vous allez d'une pièce à l’autre - même la bagarre vous manque. Vous rentrez tard, personne ne fait de réflexion... vous allez tout droit vous coucher. Et la querelle de tous les soirs est devenu une partie tellement routinière pour vous que vous n’arrivez pas à dormir sans elle. C'est parei1 qu’un ours en peluche.
Je dors avec trois oreillers; un de chaque coté et un sous ma tête. Quand je voyageais en Inde, j'étais obligé d’emmener ces trois oreillers, et ils sont énormes, la plus grande taille. J'avais donc besoin d'une grosse valise seulement pour ces trois oreillers. Et quand par hasard j'étais avec quelqu'un et qu'il ouvrait mes valises, et dans 1'une - une grosse valise, la plus grosse taille disponible - seulement trois oreillers! Il disait: "Quoi?! Cette énorme valise et pour porter seulement trois oreillers ?"
Je disais: "Je ne peux pas dormir sans ces deux là. Ils sont absolument indispensables à mon sommei1. Si quelqu'un prend un de mes oreillers, il m'est alors difficile de dormir. Il me manquera la nuit entière."

L’épouse voulait partir se reposer un petit peu, quelques jours. Elle était lessivée - il me semble que c'est exactement le bon mot, lessivée - avec tous ces enfants et ce mari. Vient un moment où c'est vraiment trop. Mais quand elle part en vacances, les enfants commencent à lui manquer, leurs bruits, leurs bagarres. Son mari lui manque. Qui narguer?
Narguer est un tel jeu de pouvoir, et une telle joie. Le pauvre ami ne peut absolument rien faire, la femme est si puissante. Elle sait qu’à l’extérieur cet homme est un lion. Ça lui donne encore plus de joie de le harceler, et de lui prouver qu’il n’est juste qu’un rat - rien de plus. Tu es peut-être un lion a 1’extérieur, mais quant tu rentres à la maison, garde ta queue entre tes jambes, et rappelle-toi que tu n'es pas le chef !
Tout cela commence à lui manquer… avec qui se battre? Toutes les taches auxquelles elle était habituée commencent à lui manquer; elle n'a plus à s'occuper de personne. De petites choses commencent à lui revenir: le matin elle apporte le journal à son mari. Elle n'as jamais aimé ça; l’idée même de voir son mari, assis en face d'elle, caché derrière son journal. . . elle sait pourquoi il lit le journal, c'est juste pour l'éviter, elle, pour ne pas la voir. Mais maintenant qu'elle est loin de chez elle, elle se met à se demander si quelqu'un lui a donné son journal, ou non.
Et comment va-t-il faire pour trouver ses chaussure. . . et ses vêtements? Et il est bien capable de faire des choses idiotes dans la cuisine. La maison va peut-être prendre feu - tout est possible, . . "Qu’ai-je fait? Pourquoi suis-je venu ici? Et il n'y a rien d' amusant..." Tous les rêves qu'elle a habituellement chez elle se sont évaporés. Maintenant elle est impatiente de revenir aussi vite que possible.
Ils sont devenus des habitudes 1'un pour 1'autre. Ce n’est pas de l'amour.
Mais toutes les sociétés ont essayé cette toute simple formule pour vous protéger de 1’expérience de 1’amour - qui est terrible d'une certaine façon - mais qui peut aussi devenir une transformation.
Elle n'est jamais devenue une transformation pour Jean-Paul Sartre. J'en suis peiné pour lui. Il est arrivé très proche lorsqu'il a dit que l’enfer c'était 1'autre. Mais même en arrivant aussi proche, avec cette intuition, il rate encore quelque chose de plus important. Il insiste sur le fait que c'est 1’autre qui est responsable d’être un enfer. Non, 1’autre n'en est pas responsable. Il ne voit toujours pas 1’autre partie, 1’autre moitié : qu’il est lui-même aussi l'autre, pour l'autre partie. Créez-vous l'enfer pour l'autre personne? Vous ne créez pas l’enfer.
Alors comprenez un peu plus profondément. L'autre non plus ne crée pas l'enfer. Ne mettez pas ça sur le dos de l'autre.
Il s'agit simplement d'un phénomène naturel: vous pouvez être très intimes dans l'expérience de l'amour, mais seulement intimes. Vous ne pouvez pas être réunis en un seul être. Pour la première fois votre solitude vous apparaît très clairement. Quoi qu'il en soit, vous êtes seul-e !

Toutes ces fictions selon lesquelles il doit y avoir quelqu'un qui est exactement fait pour vous, quelqu'un qui devrait combler cet intervalle, ce vide, en vous. . . personne ne peut le faire ! Non pas que personne n'aimerait le faire, non, tout le monde aimerait le faire! Mais c'est simplement impossible de par la nature même des choses.
C'est bien, je le répète, que ce ne soit pas possible, de par la nature même des choses, parce que si ça avait été possible, la religion n'aurait pas été nécessaire - il n'y aurait plus eu aucun besoin de la religion.
Vous me demandez : "Y a-t-il un besoin essentiel de religion chez 1"homme?" Oui, mais il arrive seulement lorsque vous avez fait 1'expérience que votre solitude était absolue !

Vous ne pouvez pas vous duper vous-même par 1’amitié, par 1’amour, par 1’argent, par le pouvoir. Vous ne pouvez pas tromper vous-même continuellement. Un moment va finir par arriver où vous allez voir que tous vos efforts ont totalement échoué. Vous êtes toujours aussi seul que vous l'avez toujours été.
C'est à ce moment-là que la religion fait son apparition. La religion n'est rien d'autre qu'un virage à cent quatre vingt degrés - depuis 1'autre, vers vous-même.
Vous avez essayé 1'autre, ça ne marche pas. L'autre n'en est pas responsable. L'autre n'a pas créé la loi universelle. L’autre fait partie de la loi universelle exactement comme vous.
Si votre compréhension va un tout petit peu plus profond… Sartre était juste au bord, il aurait pu se tourner vers lui-même. Mais il s'est arrêté là: 1’autre est l’enfer. Il a condamné 1'autre, mais il n'a pas fait demi-tour pour faire un essai avec lui-même. Vous avez fait un essai avec beaucoup de gens dans votre vie en allant chercher la personne la plus éloignée pour en faire votre intime. Vous avez réussi à 1'amener très proche, très très proche, et au dernier moment, quand il ne manque plus qu’un pas. . . ça a échoué.
Le mental humain dit : "Peut-être que ce n'est pas la bonne personne. Trouve une autre personne. Cherche une autre personne". Le mental vous donne continuellement de l'espoir, "Si ça n'a pas marché avec cette femme, cet homme, ça peut arriver avec quelqu'un d’autre. Peut-être as-tu essayé avec une mauvaise personne." Le mental trouve continuellement des excuses, des explications, des rationalisations, mais elles sont toutes futiles –
Ces rationalisations, ces explications, ces excuses, ces consolations vous tiendront éloigné-e de la religion. Sartre aurait pu devenir un de ces hommes religieux, ce qui est très rare; un phénomène très ordinaire, mais cependant très rare, car personne n'essaie 1'ordinaire; tout le monde est après 1’extraordinaire.
La religion, c'est quand 1'amour a échoué.
Je suis pour 1’amour.
L'enseignement que j’ai donné toute ma vie était en faveur de 1’amour. La raison en est étonnante. Mais je suis un homme excentrique. Je vous ai appris à aller dans l'amour, car je sais qu'à moins d'arriver à ce point crucial, là où l'autre est 1'enfer, vous ne deviendrez jamais religieux.
Je ne suis pas pour 1’amour.
Tout mon effort est tourné vers la religion.
Les pseudo-religions vous donnent des formules toutes faites, et je veux vous donner la réelle expérience, mais je ne peux pas vous la donner. Je ne peux que vous montrer le chemin, je peux vous expliquer comment ça se passe, et puis vous laisser libre d'en faire 1'expérience, si vous le voulez.
Si 1'amour n'a pas échoué, vous n’êtes pas encore assez adulte pour la religion. Vous n'êtes pas assez âgé. Quel que soit votre âge, ce n’est pas la question; ça peut être soixante, peut-être soixante dix, ça n'a aucune importance.
Si vous espérez encore que l'amour puisse réussir, c'est que vous êtes sous-âgé.
Mais si vous êtes parvenu à en prendre conscience totalement, que c'est contre la nature des choses, que 1'existence ne marche pas de cette façon… Vous êtes vous, l'autre est 1'autre.
Si vous voulez goûter à 1'expérience de 1'existence, ce n'est pas via l'autre, c'est un saut direct à l'intérieur de vous-même. C'est via vous, à travers vous.
Et seul 1’amour, et son échec, peut vous projeter à l'intérieur. Rien d’autre ne peut le faire, car tout le reste est bien inférieur a 1'amour.
De 1'argent - vous pouvez en avoir assez, et en avoir marre, mais cela ne veut pas dire que vous allez vous diriger vers la religion. Il y a tellement d'autres choses. Vous pouvez penser que 1'argent est inutile, mais l’argent peut vous donner le pouvoir. Il peut faire de vous le président du pays. C'est peut-être ce que vous recherchez. Vous pourriez devenir le président ou le premier ministre du pays. La vie est courte; la plus grande partie, vous l'avez perdue à gagner de 1'argent, et maintenant vous allez perdre le reste à courir après le pouvoir. Et c'est comme une échelle: barreau après barreau vous devez vous élever.
Il y a toujours un barreau au-dessus de vous, et qui vous signale: "Arrive jusque là, c'est là que se trouve ce que tu veux".
Et quand vous parvenez à cet échelon, il y en a un autre au dessus. Une fois de temps en temps, un idiot entêté arrive à atteindre le dernier échelon, celui à partir duquel il n' y a plus nulle part où aller, car il n'y a cette fois plus d'autre échelon à gravir – 1’échelle se termine. Mais quand vous avez fait tellement d'effort pour 1'atteindre, pourriez-vous admettre devant ceux qui se battent derrière vous: "N’insistez pas. Je n'ai rien trouvé de spécial ici. J'ai perdu toute ma vie et maintenant je me trouve au dernier échelon, et tout ce qui me reste à faire est de sauter et de me suicider. II n'y a rien de plus ici" , ça voudrait dire que vous acceptez votre stupidité.
Non, un homme qui s'est donné autant de mal pour atteindre le sommet… et au moment où il arrive, il est proche de la tombe! Il est donc préférable de continuer, de sourire - le sourire de Jimmy Carter…
Je suis vraiment peiné pour Jimmy Carter. C'est vraiment un pauvre homme. Il a du redescendre de 1'échelon le plus élevé - retour sur terre. La totalité de son sourire a maintenant disparu. J'ai vu ses photos après qu'il ait perdu les élections, j'ai systématiquement regardé toutes ses photos: il n'y a plus une seule photo avec cet énorme sourire qui devait être le plus grand du monde. Qu'est-il arrivé à ce sourire? Ce sourire était factice. Même quand il était au sommet, il était factice. Mais quand vous avez été dans les jeux du faire-semblant, dans les jeux de la politique, vous y devenez tellement habitué. . . rien que d'avoir cela à portée de la main est juste du suicide. . .
Les Américains sont des gens très avisés. Ils ont assassiné vingt pour cent de leurs présidents. C'est d'une grande sagesse. Ils ont sauvé ces vingt pour cent de la situation même dans laquelle Jimmy Carter se retrouve.
Si quelqu'un 1'avait assassiné lorsqu'il souriait, c’est au moins lui qui aurait eu le dernier sourire. La mort arrivera de toute façon. Elle arrivera tôt au tard, mais il n'y aura plus de sourire. Toute personne qui devient le président d’un pays essaie de rester président jusqu'à sa mort. Tout le monde veut mourir en tant que président, ou que premier ministre, quel que soit le poste le plus élevé. Car il a mis toute sa vie à faire grandir cette personnalité factice, laissez-le au moins maintenant avoir 1'honneur de mourir en tant que président ou que premier ministre du pays ! Oui, il le mérite; il a travaillé dur pour ça. Et la plupart du temps ça se passe comme ça, soit il est assassiné, soit il meurt d'une crise cardiaque !

L’Inde a eu six premiers ministres depuis l’indépendance. Le premier premier  ministre fut Jawaharlal Nehru, le meilleur politicien parmi tous les politiciens du monde, pour une raison simple: il n’était pas un politicien. Il fut entraîné dans la lutte pour la liberté en Inde, et il n'avait aucunement 1'idée d'arriver au pouvoir. Il n’était pas fait pour être un politicien. Il avait une âme si sensible qu'il aurait pu être un grand poète, ou un grand peintre, ou un grand musicien, n'importe quoi, mais pas un politicien. Je 1'ai rencontré plusieurs fois. I1 était complètement d'accord avec mes idées, mais il me dit, les larmes aux yeux : "Tout ce que vous dites peut effectivement transformer tout le futur de 1'Inde, mais vous n’avez aucune idée de la mentalité collective des masses. Elles ne peuvent pas comprendre ce que vous dites; elles seront contre vous. Vous ne pouvez pas réussir à transformer leur mental, vous ne pouvez réussir qu'à vous faire crucifier par elles".

Il fut terriblement choqué par 1'invasion de 1'Inde par la Chine. Il tomba malade, et ne se remit jamais du choc. Il mourut premier ministre de 1’Inde. C'était un grand prêcheur de la paix, de le fraternité, de 1'amour, et il avait créé un troisième bloc contre l'Union Soviétique et l'Amérique, pour que ces deux camps ne soient pas les seuls et qu'il y ait un autre camp, et celui-là neutre. Il avait réussi à créer ce troisième camp, neutre.
La Chine en faisait partie, et la Chine en était même la partie la plus importante, et la Chine attaqua 1’Inde. A la frontière Himalayenne, il est très difficile de se battre avec les Chinois. Les Indiens ne vivent pas dans 1'Himalaya, mais dans les plaines. Ce coté-ci des Himalayas est Indien, 1'autre est Chinois.
Des millions de chinois vivent de 1'autre coté et ils sont habitués aux neiges éternelles de 1'Himalaya. Ils peuvent se battre. Vous ne pouvez pas survivre avec eux. Si le combat dure, dans 1'Himalaya, personne ne peut les battre. La même chose arriva avec l'Allemagne. C’est arrivé à la première guerre mondiale; c'est également arrivé quand Napoléon attaqua la Russie; dans la première guerre mondiale ce fut lorsque l’Allemagne attaqua la Russie. Lors de la seconde guerre mondiale, Hitler commit la même erreur: i1 attaqua la Russie. La Russie est vaste - un sixième de la superficie de la terre entière - et pendant six à neuf mois elle est recouverte de neige, aussi ne peut-on se battre que pendant trois mois. A partir du moment où la neige commence à tomber, personne ne peut plus se battre avec les Russes. Ils y sont habitués, leur psychologie y est habituée, depuis des millions d'années. C'est chez eux. Mais pour toute autre personne, c'est la mort.
Napoléon fut liquidé là. La première guerre mondiale se termina là, et Adolphe Hitler fut fini là aussi. C'était un défi de sa part, c'est pour cette raison qu'il attaqua la Russie. Parce que Napoléon y fut battu et que dans la première guerre mondiale l'Allemagne y trouva la défaite. Adolphe Hitler voulut prouver que la Russie n'était pas impossible à conquérir. Mais il ne s'agit que d'une chose naturelle. Quand la neige se met à tomber, personne ne peut avoir la victoire en Russie; vous ne pouvez donc pas vous battre en Russie. La même chose est vraie avec la Chine. La Chine représente un quart de la population du monde - le plus grand pays du monde. Quand la Chine attaqua 1'Inde, ils envahirent des milliers de kilomètres dans les Hiamalayas et 1'Inde ne put rien faire. Ce fut un tel choc pour Jawaharlal. Lui qui était en très bonne santé avant cela, il commença à se recroquevil1er, à mourir. À ce qu'il me semble, il mourut d’une mort psychologique. Ou, pour être plus précis, il commit un suicide psychologique. Il perdit tout espoir de paix, d’arrêt des guerres dans le monde, car la Chine était le plus proche ami de l'Inde... si vous ne pouvez pas même faire confiance à votre plus proche ami, a qui allez-vous faire confiance?
Il perdit d'un coup toute joie. Il devint soudain vieux.

Le second, premier ministre fut Lalbahadur Shastri. Il était très intéressé par moi, et il promit, bien que son parti et ses collègues n'étaient pas d'accord, qu'il ferait de son mieux pour implanter mes idées. Mais il mourut d’une crise cardiaque, en Russie.
Sa secrétaire me raconta que tout au long du voyage, il avait lu mon livre, Graines de révolution. La nuit où il eut sa crise cardiaque, mon autre livre, Le Parfait Chemin était dans ses mains.
Le troisième premier ministre de 1’Inde vient tout juste d'être assassinée. Elle fut la plus courageuse, et la plus prête à faire des choses qui vont contre la mentalité des masses. Je lui avais suggéré de rejeter de son cabinet des gens comme Morarji Desai. Elle dit : "C’est un des pires fanatiques, et quelqu'un qui croit être toujours juste… "
II était député-premier ministre, le second après Indira Gandhi, mais elle dit qu'elle essaierait, et elle le fit.
Le quatrième premier ministre fut Morarji Desai. Personne ne le considéra digne d’être assassiné, il vit donc encore et il essaie maintenant de devenir un saint ,- le même jeu de pouvoir. Charan Singh, le cinquième premier ministre, ce n'est même pas la peine d’en parler. Et Rajiv, nous avons encore à attendre de voir s'il prouve être digne de son grand père et de sa mère, ou pas. J'ai la certitude intérieurement qu'il ne décevra pas le pays.

Jimmy Carter vieillit d’un coup de dix ans quand il perdit les élections; en un jour, dix ans passèrent ! Quand les gens sont au pouvoir, ils arrivent à sauver la face. Elle peut être peinte, mais cependant ils semblent jeunes, vivants, forts, et ils le sont bel et bien, parce qu'ils ont réussi.
Malgré tout, une fois arrivés au sommet de la réussite, ils trouvent cela futile, mais quel serait 1'intérêt de le dire? - le monde entier s'esclafferait ! Mieux vaut garder le silence et sourire sans fin.
Ainsi donc, vous pouvez aller de l'argent au pouvoir, ou du pouvoir à 1’argent. Et il y a beaucoup de possibilités.
J’ai entendu parler d’un Américain, riche, qui en eu assez de l’argent qu'il avait gagnée… et il y avait passé toute sa vie. Quelqu'un lui suggéra: "Pourquoi n'allez-vous pas en Orient à la recherche d'un mahatma, d'un sage, qui puisse vous enseigner comment être calme et tranquille, en béatitude?" Il fonça en Inde, vint dans 1’Himalaya et se renseigna où il pouvait trouver le plus grand saint - comme s'il y avait des petits saints et des grands saints.
Mais c'était quelqu'un qui connaissait 1'argent, et qui savait que si vous n'avez qu’un peu d'argent vous êtes un homme sans importance, si vous avez davantage d'argent vous êtes un homme plus grand, et si vous en avez encore plus vous êtes le plus grand. La même chose devait être vraie en spiritualité - combien avez-vous? Il avait vécu de 'quantité' sa vie entière. L'argent est quantité. La spiritualité est qualité. Elles ne sont pas interchangeables, mais, même en Inde, les gens pensent de la même façon que partout ailleurs.
On lui dit; "Oui, il y en a un, le plus grand sage, le plus grand mahatma, il vit dans les Himalayas, sur une montagne élevée, très difficile à atteindre. Beaucoup sont morts en le cherchant, ou se sont perdus dans les neiges."
Mais le riche dit : "Je n'ai rien à perdre, j'ai vu tous les plaisirs du monde, et il n' y a plus rien qui ait encore de l'intérêt pour moi. C'est un défi excitant que personne ne l’ait encore trouvé. J'essaierai." A nouveau 1'excitation de vivre recommença à vibrer, de la même façon que le jour où il avait commencé à s'investir dans 1’argent - le même ego.
« Personne ne l’a trouvé; je le trouverai ! Décrivez-moi simplement à quoi il ressemble et sur quelle montagne il est, et j’irai. » Ils le lui décrivirent en détail et il partit.
Ce fut un voyage terriblement pénible, mais il avait su combien c'avait été pénible aussi de gagner de l'argent. S'il avait réussi à parvenir au sommet en ce qui concernait 1'argent, il allait bien être capable de se débrouil1er là aussi. Et il se débrouilla, en loques, presque mort, mais il arriva finalement, et vit 1’homme assis sur un sommet, il tomba, non pas de gratitude, mais épuisé. Car autrement les Américains ne savent pas comment tomber aux pieds, quand ils rencontrent le Maître - il tomba tout simplement. Il perdait tout espoir, il était sur le point de penser, "J'espère encore contre tout espoir." Et tout à coup, cet homme, ce vieil homme est là. Il tomba, et juste parce qu' il ne mourut pas avant de pouvoir commencer à parler, il étendit ses mains, prit les pieds du sage dans ses mains et dit: "Vous êtes un grand sage et je suis venu d'Amérique, de milliers de kilomètres. Mais ce n'est rien. Ce pèlerinage dans l'Himalaya, à pieds… mais je suis content d'être arrivé. Maintenant dites-moi s'il vous plaît ce que je dois faire?" Le mahatma dit : " Faites-moi d’abord une faveur. Est-ce que vous avez une cigarette - de marque américaine?"
L'homme fut très choqué. Mais il avait entendu dire que les sages étaient des gens bizarres; il y avait peut-être un truc derrière. Il sortit une cigarette et un briquet, et en donna une au sage : "Et maintenant qu'est-ce que vous avez à me dire?"
Et le sage répondit : "S'il vous plaît, repartez de la même façon que vous êtes venu. Mais rappelez-vous, si vous revenez à nouveau, n'oubliez pas d’amener des cigarettes; elles rendent si paisible, elles donnent tellement de béatitude. Je les aime vraiment !"

Vous pouvez aller d'une stupidité à une autre, mais si vous échouez en amour… et échouer en amour ne signifie pas ce que vous voulez ordinairement dire par là: que le bien-aimé-e vous a trompé ou que 1’amant-e vous a trompé. Non, ceci n’est pas échec; en fait, cela, c'est éviter l'échec. Si votre bien-aimée vous a trompé avant 1’échec - mon échec - elle vous a sauvé, elle vous a donné à nouveau de 1’espoir. Vous allez vous précipiter sur une autre femme.
Par échec, j'entends: quand vous atteignez le point où vous aimeriez vous fondre en 1'autre, et que soudain vous rencontrez la loi universelle contre la fusion.

Les corps peuvent se rencontrer, les êtres ne le peuvent pas.

A ce moment, ou bien vous devenez acide et amer contre 1’amour – c’est comme ça que toutes les religions sont devenues acides et amères contre 1’amour, mais ceci n'est que pseudo-religion. Non, je ne vois pas que vous deviez devenir acide et amer. En réalité vous devriez devenir extatique d'avoir découvert une loi fondamentale de la vie, d'être arrivé à un point à partir duquel il est possible de se tourner vers l'intérieur. Il n'y a plus nulle part où aller. Vous pouvez… tombez sur vous-même ! Si cela se produit, vous allez alors dire: "L'autre est le paradis, pas 1'enfer." Vous allez alors changer cette déclaration. L'autre a rendu passible pour vous cet échec dans la fusion, dans la dissolution, et il vous a ainsi donné la chance de vous tourner vers vous-même; vous en serez reconnaissant pour toujours. L'autre est alors le paradis.

Et une fois que vous entrez dans votre propre être, vous êtes entré dans le temple. C'est tout ce qu’est la religion. L’entrée en soi-même est 1'ultime croissance.
Tout à coup vous fleurissez.
Ce n'est pas un lente croissance progressive, non. Le mot croissance donne une fausse impression, comme si lentement, lentement... Non, c'est une soudaine explosion. Un moment avant vous n'étiez rien ;1'instant suivant, un bond quantique - vous êtes tout. Car vous avez goûté à votre être, et cet être est exactement le même que l’être universel, mais c’est la seule porte disponible. Il n'existe aucune autre porte.
Aucune église ne peut vous aider, aucune synagogue, aucun temple.
Il  n'y a seulement qu'une porte qui puisse vous aider, et c'est à l'intérieur de vous.
En faisant un saut a 1’intérieur de vous-même, vous avez plongé dans l'existence.
À ce moment vous sentez un immense sentiment d'unité avec tout.
Vous ne vous sentirez plus jamais esseulé-e, solitaire, puisqu'il n'y a plus personne qui soit autre que vous.
Il n'y a plus que vous, étendu dans toutes les directions, dans toutes les manifestations possible.
C'est votre floraison dans les arbres, c'est vous, vous déplaçant dans le nuage blanc, c'est vous dans 1'océan, dans le fleuve. C'est vous dans l'animal, dans les gens.
Et ce n'est pas quelque chose que vous avez à projeter ou à penser. C’est ce que les pseudo-religions ont fait. Elles vous disent: "Pensez que vous êtes un avec tout. Concentrez-vous. Disciplinez votre esprit, pour qu'il voit que vous êtes un avec tout" . Oui, si vous vous y mettez vraiment vous allez commencer à y croire, que vous êtes un avec tout, mais ce ne sera seulement qu'une croyance.
Un Soufi me fut amené un jour; il y avait beaucoup de gens qui le suivait. Quelques uns d'entre eux étaient venu me voir et m’avaient dit: "Quand notre Maître viendra, on aimerait que vous vous rencontriez tous les deux." Et il ne venait qu’une fois par an à cet endroit.
Je leur dis: "Lorsqu’il sera là, vous 1'amènerez." Ils dirent : "C’est un homme réalisé. Il voit Dieu partout."
Je répondis: "Je ne ferai aucun commentaire avant de le voir."
Le jour arriva, il vint. Je dis à ses disciples, "vous 1’amenez directement ici. Permettez qu'il soit mon hôte." Ils l’amenèrent directement de la gare, et il était dans un état de fièvre extatique, si on peut dire. Ses yeux, son corps, étaient complètement - pas dans un état ordinaire - vibrants. N’importe qui pouvait le voir. Il enlaçait les arbres. J'avais un magnifique jardin. J'étais le seul à appeler ça un jardin, tout le monde disait une jungle ! C'était vraiment la jungle, car je n'aime pas du tout les jardins anglais - bien coupés, symétriques. Non, je veux quelque chose comme une jungle, où il n'y a pas de symétrie.
II arriva à la porte, et juste à coté il y avait un très beau maulshree (non d'un arbre). Il le prit dans ses bras. Il était en fleur, et c'est un des parfums les plus beaux. Il se mit à pleurer de joie. Je dus le retirer de 1’arbre. Je lui dit : "Cet arbre n'est pas encore assez grand. Vous risquez de le tuer. Venez s'il vous plaît à 1’intérieur, et si vous voulez tenir des arbres dans vos bras, j'ai beaucoup d'autres grands arbres, et vous pourrez leur faire autant d’embrassades et de lutte et de gymnastique que vous voudrez. Mais celui-là ne le torturez pas".
Soudain la colère: "Quoi?" dit-i1 "Est-ce que vous êtes en train de dire que je torture l'arbre? Je l'aime !"
Je dis: "Je sais. Quelquefois vous pouvez prendre quelqu’un dans vos bras avec amour… cela m’arrivait quand je voyageais au Punjab."
Le Punjab doit être 1'Oregon de l'Inde. Il semble que tous les idiots du pays se sont débrouillés pour vivre au Punjab.
C’était très difficile pour moi de descendre du quai pour atteindre la voiture, car tout le monde me voulait dans ses bras, par amour - mais un hug Punjabi. . . vous ne pouvez pas imaginer ce que c'est; tout mon corps était douloureux et particulièrement mes côtes. Je dis à mes amis, "S’il vous plaît des hugs (être pris dans les bras) comme ça… je ne suis pas en état de recevoir autant d'amour. C’est trop. Vous devez 1'empêcher, autrement j'arrêterai de venir au Punjab."
Ces idiots ne savaient pas que hug ne veut pas dire que vous broyez 1’autre personne. Et c'est ce qu'ils faisaient avec beaucoup d'amour, mais avec beaucoup d'amour vous pouvez tuer !

Aussi je dis au Soufi, "Venez dans la maison. Ne soyez pas en colère, cet arbre n'est pas encore assez fort, et cet arbre est très spécial, ne le détruisez pas. Je suis devenu illuminé sous un maulshree. Aussi mes amis ont apporté cet arbre qui vient d'une graine de l'arbre d'origine. Ils l'ont fait pousser, et il n'est pas encore assez fort pour votre hug. Venez à 1'intérieur."
II entra et se mit à parler de la même façon qu’il devait parler à ses disciples: "Je vois Dieu partout, seulement Dieu et rien d'autre".
Je lui dis : "Si vous voyez Dieu et rien d’autre, alors à qui êtes-vous donc en train de parler? S'il n’y a que Dieu et rien d'autre à qui parlez-vous? Et dans quel but? Dieu doit le savoir. Restez silencieux."
Et quand tous ses disciples furent partis je lui dis: "Je sais ce qui vous est arrivé. Vous vous êtes hypnotisé vous-même pendant trente ans, disant que Dieu est partout, et c’est maintenant devenu comme une suggestion post-hypnotique en vous. Et vous la faites se poursuivre, car vous savez très bien que si vous arrêtez de parler de cela, ça va disparaître en quelques heures."
II dit: " Non, cela ne peut pas disparaître. Je vois Dieu partout."
Je lui dis: "Pendant trois jours vous allez arrêter de parler de Dieu, et arrêter de pratiquer quoi que ce soit, que Dieu est partout' - ne le répétez pas; pendant trois jours, oubliez-le. Pendant trente ans vous avez fait votre travail, maintenant laissez-moi vous montrez, en trois jours, ce que vous avez gagné en trente ans."
Et cela ne demanda pas... trois jours ne furent même pas nécessaires. Le lendemain matin il me dit: "Ce que j'ai gagné en tente ans vous 1'avez détruit en un jour. Vous êtes contre la religion. Vous êtes un ennemi de la religion."
Je lui dis: "Naturellement je suis un ennemi de la religion - de la sorte de religion dans laquelle vous croyez. Je suis contre tout ce non-sens, car à quoi sert de pratiquer quelque chose pendant trente ans, si cela peut être perdu en un jour? Vous pouvez aussi bien le pratiquer pendant trois cent ans, ce sera perdu en trois jours! Ou pendant trois vies, et ce sera peut-être trois mois - mais cela peut être détruit. Ce n'est pas votre expérience, ce n'est qu'une idée toute faite."

Aussi je ne dirai pas que vous devez vous mettre à penser que chaque chose est divine et que tout est Dieu. Ce n'est que de la pacotille. Ne vous investissez jamais dans quelque chose qui n'est, à la base, qu'une croyance. Faites le saut à 1'intérieur de vous-même, et ne me demandez pas ce que vous y trouverez. Si je vous le dis ce que vous y trouverez, vous allez immédiatement commencer à vous hypnotiser vous-même dessus. Vous le trouverez alors, mais ce ne sera pas la chose véritable. Ce ne sera qu'une hallucination. Faites juste le saut à 1'intérieur de vous-même, et vous en viendrez à découvrir. Vous en viendrez à ressentir. Vous en viendrez à expérimenter.
La religion, c'est expérimenter la vérité.

L’homme a besoin de la religion; c'est le tout dernier luxe, le luxe ultime.
Au-dessous, c'est 1’amour. Et j'ai toujours énormément enseigné l'amour, afin que vous puissiez en arriver à ce moment crucial, où vous ressentez que 1'autre est 1'enfer, car c'est le tournant. Il est nécessaire que quelqu'un dise à Sartre: "L'enfer, c’est 1'autre. Et en ce qui vous concerne, vous? Vous avez tellement essayé d'être un avec 1'autre, pourquoi ne pas essayer un peu d'être un avec vous-même, car ça ne sera pas bien difficile. Vous êtes déjà un avec vous-même, vous avez juste à regarder à 1'intérieur".

Se tourner un peu vers 1'intérieur… et 1'Happening !

Mais alors vous n'êtes ni Chrétien, ni Hindou, ni Musulman, ni Juif — vous êtes simplement religieux !

Je suis pour la religion, pour 1'état religieux, et je suis certainement contre toutes les religions, car elles sont toutes pseudo !

OSHO From unconsciousness to consciousness
Discours du 25 novembre 1984  © Osho International Foundation

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mardi 4 janvier 2011

Une révolution est nécessaire dans l'éducation

Texte entier
Une révolution est nécessaire dans l’éducation

Je voudrais faire quelques remarques au sujet de la société, et en particulier au sujet des enseignants. Peut-être y a-t-il de grandes différences entre ma façon de voir les choses et la vôtre. Peut-être serais-je en contradiction avec les positions officielles du code de l’éducation. Je ne suis ni un spécialiste officiel de l’éducation, ni un réformateur.
C’est une chance d’avoir l’occasion de parler des aspects fondamentaux de l’éducation et de la société.

Les spécialistes officiels de l’éducation ne disent rien de vrai sur l’éducation. Cela fait cinq mille ans qu’ils réfléchissent sur le sujet, mais les conditions actuelles de l’éducation, et sa structure, expliquent le genre de personnes qu’elle produit.
Tout y est tellement faux que ce n’est pas étonnant que nous ayons dans ce monde des leaders  psychologiquement malades et dans un état d’absolue confusion. La façon de voir les choses des sociologues est également malsaine. Si ce n’était pas le cas, la vie et la façon de voir les choses seraient complètement différentes.
Puisque je ne suis ni un enseignant, ni un sociologue, il m’est possible de dire des choses en allant directement au cœur du problème.
Pour ceux qui considèrent uniquement les textes, la solution prend souvent plus d’importance que le problème lui-même ! Mais comme je ne connais pas les textes, je peux aborder le problème directement.
La toute première chose sur laquelle j’aimerais attirer votre attention, c’est la relation qui existe entre la société et l’enseignant ; cette relation est vraiment néfaste.
Quelle est cette relation ?
La relation est celle-ci : l’enseignant est un esclave, et la société est son maître, son patron.
Quel travail est-ce que la société demande à l’enseignant de faire ?
La société veut que l’enseignant inculque à l’esprit des jeunes enfants toutes les vieilles jalousies, les vieilles rancunes, les vieilles façons de voir les choses qui ont accompagné les derniers millénaires !
Tous ces gens âgés qui ont le pouvoir, et qui ont un pied dans la tombe, veulent léguer toutes ces choses, ces rancunes, ces jalousies, aux nouvelles générations, à travers les enseignants. C’est vraiment surprenant que la société demande ce genre de choses aux enseignants et que les enseignants le fassent !
C’est un grand déshonneur, une grande honte. Il est honteux que tous les comportements de malades qui ont accompagné le siècle précédent soient passés au nouveau siècle à travers les enseignants. La société exige cela. C’est nécessaire à la survie de la vieille structure de la société, aux intérêts personnels en cause, ainsi qu’aux croyances aveugles qui se sont installées au sein de la structure sociale et qui ne veulent pas mourir. Tous ces vieux comportements, toutes ces vieilles croyances veulent continuer à vivre dans la société.

Et l’enseignant est respecté grâce à ce travail qu’il accepte de faire !
À moins de flatter les enseignants, de leur porter une haute estime, on ne pourrait pas obtenir d’eux qu’ils fassent ce job. C’est pourquoi l’enseignant est présenté comme une sorte de gourou, une personne hautement respectable, et qu’on doit écouter sans discussions.
Pourquoi ? – parce que la société veut léguer à ses enfants tous ses vieux modèles de croyances, et cela grâce à l’enseignant.
Le père Hindou veut faire de son fils un Hindou, et le père Musulman veut faire de son fils un Musulman avant de mourir. Le père Hindou veut aussi léguer à ses enfants son conflit avec les Musulmans.
Et qui va faire cela ? 
L’enseignant va s’en charger.
La vieille génération veut imposer ses croyances à la nouvelle génération. Ses écritures, ses prêtres et tout le reste, tout doit être imposé d’une façon ou d’une autre. Et elle parvient à obtenir de l’enseignant qu’il fasse le travail.
Mais quel en est le résultat ?
Le résultat est que les richesses continuent à croître dans le monde, mais que les facultés mentales ne se développent pas. Tant qu’il y aura ce poids des vieilles croyances et de ces vieux systèmes de pensée sur la tête des enfants, leurs facultés mentales ne pourront pas se développer. L’enfant, encore tout jeune, est écrasé sous le poids d’une culture vieille de cinq mille ans ! Toute la vitalité de l’enfant est détruite par cette montagne. À cause de cela, la flamme de la conscience ne peut pas être allumée, et l’individualité de l’enfant ne peut pas se développer.
La richesse matérielle s’accroît par l’héritage que les parents laissent à l’enfant qui, à son tour, le fait fructifier. Mais les facultés de l’enfant, elles, ne se développent pas, parce que l’enfant a été conditionné à respecter toutes ces vieilles façons de voir les choses. L’enfant est fier de développer cet héritage, et le père en est fier aussi.

Si tout le monde rajoute ses propres interprétations aux idées exprimées dans la Gîta, ceux qui ont hérité des idées de Mahavir, de Bouddha, de Krishna, et de Rama vont être en difficulté. Pour eux il est essentiel de rester dans les limites de ce dont ils ont hérité. Rien ne peut y être ajouté. Des efforts systématiques ont toujours été fait depuis des milliers d’années pour que le fils ne dépasse pas son père en ce qui concerne l’intelligence.
Et il y a de nombreuses façons d’y parvenir.

C’est ainsi que les richesses matérielles s’accroissent dans le monde, mais que la pauvreté mentale augmente elle aussi, en même temps. Il y a grand danger quand l’intelligence est petite et que les richesses matérielles sont grandes.
De la même façon que dans le progrès matériel nous laissons derrière nous les façons de faire de nos ancêtres, et nous progressons, de la même façon nous devrions laisser derrière nous leurs façons de voir les choses, et la spiritualité, de nos ancêtres, et progresser. Faire ainsi ne serait pas insulter nos ancêtres, mais au contraire les respecter. Un vrai père est celui qui, avec amour, désire que ses enfants le dépassent.
C’est très dangereux si un père ne veut pas que ses enfants aillent plus loin que lui, dans aucun domaine. Mais c’est ainsi que ça se passe, et l’enseignant a aidé la vielle génération à empêcher les enfants d’aller plus loin qu’elle.

C’est pure folie de croire que si on se met à développer notre réflexion plus loin que Krishna, Mahavir, ou Mahomet n’ont eux-mêmes été, ce serait une insulte à leur égard. Mais à cause de cette croyance, toute l’éducation est restée coincée par le passé, au lieu d’être tournée vers l’avenir.
Tout développement, toute créativité sont toujours tournés vers le futur, inspirés par le futur.
Toute notre éducation est enlisée dans le passé. Toutes nos doctrines, nos idées, nos idéaux viennent du passé. Mais le passé est ce qui est mort, ce qui a disparu !
Peu importe, nous nous acharnons à vouloir imposer des choses qui sont vieilles de milliers d’années, à nos enfants. Non seulement nous imposons ces idées, mais nous considérons comme idéal un enfant qui devient un disciple zélé de ces vieilles croyances.
Et qui félicite un tel enfant ?
L’enseignant !
C’est comme cela que les dirigeants de la société, des religions, et de l’état exploitent l’enseignant.

On fait croire à l’enseignant qu’il est celui qui propage la connaissance. Mais en réalité il ne transmet pas la connaissance, l’enseignant ne fait que maintenir le statu quo, que préserver le statu quo. Il se contente de retransmettre les vieilles connaissances, et il fait obstacle aux nouvelles connaissances qui pourraient se développer. Il interdit de franchir les limites imposées par le passé. Le résultat de cela est que nous continuons à faire des choses idiotes dans tous les domaines. On ne permet pas à ces vieilles pratiques de mourir.
Le politicien a très bien compris cela, et il exploite l’enseignant. Ce qui est très surprenant c’est que l’enseignant n’aie pas saisi comment il est exploité sous le couvert du service à la société qu’on lui demande.
Il s’agit là d’une forme courante de manipulation.

Je me suis adressé une fois à un congrès d’enseignants. C’était  « la journée de l’enseignant ». Je leur ai demandé : « Si un enseignant devient le président du pays, est-ce un honneur pour l’enseignant ? Lorsqu’un enseignant devient président, qu’est-ce qui est honoré dans la profession d’enseignant ? Selon moi, c’est si le président d’un pays devenait enseignant que je considérerais que la profession d’enseignant est honorée.
Si le président d’un pays sent que son travail n’a aucun sens, et s’il se sent joyeux de devenir enseignant - s’il veut devenir enseignant, être l’un d’entre eux, nous comprendrions alors que la profession en soit honorée. Mais si un enseignant devient président du pays, l’honneur revient au métier de politicien pas à celui d’enseignant. Si un enseignant est admiré parce qu’il devient le président du pays, y a-t-il alors quelque chose de faux chez un enseignant qui veut devenir proviseur, ou inspecteur, ou ministre de l’éducation ? Obtenir un poste hiérarchiquement supérieur est considéré comme quelque chose d’honorifique !
Ces positions concernent l’état. La structure de notre pensée est telle que nous mettons l’état au-dessus de tout. C’est ainsi que le politicien est au-dessus de tout, et que tout le reste lui est inférieur.
Consciemment ou inconsciemment, le politicien s’arrange pour que ces idées, ces façons de voir les choses, entrent dans la tête des enfants grâce à l’enseignant.

Les prêtres font de même.
La même chose se passe en ce qui concerne l’éducation religieuse. Chaque religion essaie de faire que ses croyances et ses principes, vrais ou faux,  s’installent dans la tête des enfants. Et ceci est fait lorsque l’enfant est très jeune, lorsqu’il est incapable de réfléchir. Il n’y a pas de plus grand crime contre l’humanité que celui-là.
Quel crime pourrait être plus grand que celui qui consiste à faire croire à un enfant que ce qu’il y a dans le Coran est la vérité, ou ce qu’il y a dans la Gîta, ou que, s’il y a un Dieu, c’est Mahavira, Krishna, ou Mahomet ? Mettre cela dans la tête d’un enfant encore complètement innocent, ignorant, et qui ne connaît rien du monde est un crime pire que n’importe quel autre.

À l’époque où il était question de l’indépendance de l’Inde, des politiciens demandèrent que les enseignants et leurs étudiants participent tous les deux au mouvement pour l’indépendance. Quand ces politiciens parvinrent au pouvoir, ils demandèrent que les étudiants et les professeurs ne se mêlent plus de politique. Les communistes et les socialistes dirent : « Non, il n’est pas souhaitable que les étudiants se désintéressent de la politique. Les enseignants et les étudiants doivent tous les deux participer à la politique. » Si les communistes arrivent au pouvoir demain, ils vont dire qu’il n’est maintenant plus souhaitable qu’ils prennent part à la politique. Ce qui est dans l’intérêt des politiciens pour parvenir au pouvoir est présenté comme juste, et ils font tout ce qu’ils peuvent pour que les enseignants et les étudiants croient eux aussi que c’est juste !
Selon moi, quelqu’un ne peut vraiment devenir enseignant que s’il a en lui la puissante flamme de la rébellion.
Un enseignant qui n’a pas cette force de rébellion en lui deviendra l’agent  d’une politique, ou d’intérêts particuliers. Tout enseignant doit avoir en lui cette flamme pour avoir une pensée et une réflexion rebelle. A-t-on en soi ce feu qui permet d’avoir une pensée indépendante ? Sinon sommes-nous autre chose que des boutiquiers ?

Être un enseignant est une grande chose.
Quel sens cela a-t-il ?
Y avez-vous jamais réfléchi ?
Vous pouvez enseigner aux enfants, comme cela se fait tout autour du monde, qu’ils doivent aimer les autres. Mais avez-vous déjà réfléchi au fait que toute la structure de l’éducation est construite non pas sur l’amour mais sur la compétition ? Vous proclamez que vous enseignez l’amour, mais tout est prévu pour enseigner la compétition.
Où il y a compétition, il ne peut pas y avoir d’amour. La compétition est une forme d’envie, une sorte de fièvre, de jalousie. Qu’enseignez-vous donc ?
Quand un enfant arrive premier en classe, on dit aux autres enfants qu’ils sont derrière et que leur camarade est arrivé premier. On enseigne aux enfants la flatterie, on leur apprend à être rivaux, et à arriver en tête. On leur enseigne l’ego, on leur dit que celui qui est arrivé premier est supérieur, et que ceux qui sont derrière sont inférieurs. Dans les livres on leur dit d’être humbles et aimants, alors que tout le système leur apprend la haine, l’envie d’arriver avant les autres. Celui qui arrive premier reçoit le premier prix, les mentions. On le vénère, on prend sa photo, et ceux qui sont derrière sont simplement insultés par le système.
Quand vous insultez celui qui est derrière, n’êtes-vous pas en train de piquer son ego pour le pousser à arriver avant les autres ? Quand on honore celui qui est arrivé en tête, n’est-on pas en train de renforcer son ego ? Quand les enfants sont entraînés à renforcer leur ego, quand ils sont poussés à la jalousie, à la compétition, comment pourraient-ils aimer ? L’amour est ce qui permet de mettre ceux qu’on aime devant. L’amour veut dire de rester toujours en arrière.

Je vais vous raconter une petite anecdote pour rendre la chose plus claire.
Il y avait trois saints Soufis qui devaient être pendus, jusqu’à ce que mort s’en suive. Les personnes soi-disant religieuses sont toujours contre les vrais saints. En attendant d’être pendus, ils étaient assis l’un derrière l’autre. Le bourreau les appelait par leur nom, et les pendait.
Le bourreau cria un nom « Nuri ! », pour qu’il s’avance.
Mais celui qui s’appelait Nuri ne se leva pas, un autre se leva et dit : « Pendez-moi d’abord. »
Le bourreau dit : « Votre nom n’est pas Nuri ? Pourquoi êtes-vous si pressé de mourir ? »
Il répliqua : « Nuri est un ami et lorsqu’il est question de mort c’est à moi de passer d’abord, et quand il est question de vie c’est à moi de rester derrière. Je voudrais mourir avant que mon ami ne meure. Lorsqu’il est question de vivre mon ami doit vivre plus longtemps que moi. »
L’amour parle comme cela.
Que dit la compétition ?
La compétition vous dit de rester en arrière quand la mort est là, et de vous mettre devant quand il s’agit de vie.
Quand le poison de la compétition et de l’ambition est versé dans la tête des enfants, le monde en est-il meilleur ?
Quand un enfant est enthousiaste à l’idée de dépasser les autres, et que les autres acceptent de le laisser faire, après une telle éducation pendant vingt ans, que va-t-il faire dans la vie ? Il va faire exactement ce qui lui a été enseigné.
Tout le monde essaie de rabaisser l’autre. Du concierge au président, tout le monde rabaisse l’autre. Si un concierge devient président on lui dit qu’il doit en être très fier, que c’est une preuve de dignité. En fait il n’y a pas de plus grande violence que celle qui consiste à vous mettre devant et à repousser les autres. Mais nous enseignons cette violence et nous l’appelons éducation !
Dans un monde basé sur cette violence, si les guerres sont continuelles ce n’est pas surprenant.
Dans un monde basé sur ce type d’éducation, dans ce monde où les résidences de luxe sont construites à côté de taudis, qu’y a-t-il de surprenant à ce que les personnes qui vivent dans ce luxe se réjouissent de voir mourir les gens qui vivent dans les taudis ?

Il y a les pauvres et il y a les autres… qui possèdent tellement qu’il ne savent même pas quoi en faire ! Tout cela découle de la présente éducation, et l’enseignant est aussi responsable de cela. L’enseignant est responsable pour ce monde qui est le résultat de cette éducation. Il est devenu un instrument d’exploitation. Sous couvert d’instruire les enfants, l’enseignant est devenu un instrument au service des intérêts des gens installés.
Si c’est cela l’éducation, il serait alors préférable d’arrêter l’éducation complètement ! Peut-être que cela permettrait d’avoir un homme meilleur. Un homme sans éducation, vivant dans la forêt, sera meilleur parce qu’il aura plus d’amour et moins de compétition, plus de cœur et moins de mental.
Nous appelons cela « éducation » !
On enseigne aux enfants exactement le contraire de ce qu’on attend qu’ils fassent. Toute notre structure d’enseignement enseigne des choses contradictoires.
Qu’enseignons-nous ?
Nous enseignons la sympathie et la générosité. Mais comment un esprit de compétition pourrait-il être généreux et sympathique ? S’il y a de la sympathie chez un compétiteur comment peut-il être en compétition ? Le mental compétitif sera toujours dur, violent et sans générosité – il n’a pas d’autre choix. Notre système est tel que nous ne réalisons pas que celui qui se bat pour passer devant et qui maintient les autres derrière est une personne violente. Il est violent, et on l’a préparé pour cette violence. C’est comme cela que les usines à éduquer se développent. On les appelle ‘école’ et ‘université’ mais ce n’est que pur mensonge.
Ce sont des usines où l’on crée des esprits psychologiquement malades, et ces esprits malsains conduisent le monde dans le fossé. La violence se développe, la compétition se développe. La main de tout le monde est à la gorge de quelqu’un d’autre.
Ceux qui sont assis devant moi vont demander : « Sur quelles gorges avons-nous mis nos mains ? » Mais si vous regardez plus profondément, vous découvrirez que la main de chacun est sur la gorge de quelqu’un d’autre, et que la main de chacun est dans la poche de quelqu’un d’autre. Combien de temps cela va-t-il durer ? Quand est-ce que cela va s’arrêter ? D’où viennent ces bombes atomiques, ces bombes à hydrogène ? Elles viennent de la compétition et de la rivalité. Cela ne fait aucune différence que cette rivalité soit entre deux individus ou entre deux nations. Peu importe qui fait cela – la Russie ou l’Amérique – il y a compétition, on doit être le premier !
Si vous avez fait une bombe atomique, nous devons faire une bombe à hydrogène, une super bombe à hydrogène ! Nous ne pouvons pas rester derrière ! On ne nous enseigne pas de rester derrière. Si vous tuez dix personnes, on en tuera vingt. Si vous détruisez un pays, on détruira deux pays. Ce qui veut dire qu’on est prêt à détruire absolument tout, plutôt que de rester derrière !
Qui crée cette situation ?
Elle découle entièrement de l’éducation.
Mais nous sommes tellement aveugles que nous ne sommes pas capables de voir le problème. On enseigne aux enfants de n’être ni avides, ni peureux, mais que faisons-nous en réalité ? – nous leur enseignons tout le temps l’avidité (la cupidité, l’ambition) - et la peur !
Dans les temps passés il y avait la peur de l’enfer d’un côté et la récompense du ciel de l’autre. Cela a été enseigné pendant des milliers d’années. D’un côté la peur que je puisse me retrouver en enfer, de l’autre l’aspiration à réussir malgré tout à atteindre le paradis. Partout où il y a récompense et punition, il y a la peur et l’avidité. Mais qu’apprenons-nous aux  enfants ? Quelle est notre méthode pour enseigner ? La seule méthode est d’enseigner la peur et l’avidité. Ou bien nous punissons les enfants, ou on les tente en leur offrant des prix, une bonne réputation, un meilleur poste, un statut plus élevé dans la société.
À l’époque où j’étais étudiant, il y avait une formule : si vous étudiez bien vous deviendrez un grand patron, un chef, un président. Nous créons cette sorte de tentation dans la tête des enfants. Avez-vous jamais enseigné aux enfants à vivre une vie de paix et de joie ?
Non !

Nous leur avons appris à faire de leur vie une course vers des positions supérieures. Nous leur avons enseigné comment gagner plus d’argent, avoir de plus beaux vêtements. Nous leur avons enseigné d’être de plus en plus avide, parce que c’est une preuve de réussite. Y a-t-il une place quelque part pour ceux qui ne réussissent pas ?
Dans ce système d’éducation, il n’y a aucune place pour ceux qui ne réussissent pas. Nous ne faisons que créer l’obsession de la réussite, c’est donc naturel que celui qui veut réussir dans le monde ne recule devant rien. La réussite fait oublier tous les coups tordus. Un homme devenu président alors qu’il était au départ concierge… on ne se pose plus la question de savoir tout ce qu’il a fait pour y parvenir, une fois qu’il a atteint la position de président ! Plus personne ne se soucie de savoir comment il est devenu président, par quels moyens, par quelles tricheries, par quels mensonges, par quelles combines ?! Il n’est plus nécessaire de soulever la question. Plus personne ne le demande. Une fois que quelqu’un a réussi, toutes les magouilles sont oubliées. Le succès est le seul but. Alors pourquoi ne devrais-je pas moi aussi réussir en disant des mensonges et en devenant malhonnête ? Si je ne réussis pas en disant la vérité, ne pourrais-je rien essayer d’autre… ?

Nous avons donc fait de la réussite le centre de la vie. Et quand le mensonge et la malhonnêteté se développent nous sommes très malheureux. Tant que la réussite sera la référence, il y aura les mensonges, la malhonnêteté, les voleurs. On ne peut pas s’en débarrasser… si la malhonnêteté et les combines sont la seule façon de gagner, que peut-on y faire ? Quand la réussite est la seule valeur, tout le reste en est dépendant.

Nous ne cessons de nous plaindre et de nous lamenter que la malhonnêteté ne cesse de croître. Mais elle ne peut que se développer, puisque c’est le résultat de tout ce que l’on enseigne depuis cinq mille ans !

La réussite n’a aucune valeur. La réussite ne mérite ni grand respect, ni honneurs.
Un homme devrait atteindre l’accomplissement intérieur, l’épanouissement, pas la réussite.

C’est préférable pour quelqu’un d’échouer dans une bonne cause plutôt que de réussir dans une mauvaise. On devrait respecter les bonnes actions, pas la réussite. Mais la réussite est devenue une valeur, et toute la vie tourne autour d’elle.
On a récemment créé une commission de l’éducation. Son président a dit : « Nous apprenons aux enfants à dire la vérité ; nous le leur expliquons de mille façons, mais les enfants continuent à mentir. »
J’ai demandé au président s’il aimerait voir son fils devenir éboueur, ou concierge dans une école, ou s’il aimerait plutôt voir son fils président d’une commission, ou ambassadeur à l’étranger - s’élevant peu à peu jusqu’au sommet ? « S’il était éboueur, en seriez-vous gêné ? »
Il a répondu : « Oui, ça me dérangerait énormément. »
Alors je lui ai dit : « Si cela vous est insupportable, voulez-vous réellement que votre fils dise la vérité et soit honnête ? »
Tant qu’un journalier n’est pas respecté, et tant qu’un président est respecté, il ne peut y avoir aucune honnêteté dans le monde ! Parce qu’un journalier devra se passer du moindre respect sa vie entière.  La vie n’est pas si longue pour qu’il puisse un jour connaître la moindre reconnaissance, lui qui s’est contenté de rester dans l’honnêteté et dans la vérité. Si le mensonge mène à la réussite, qui est assez fou pour ne pas y recourir ?
La situation est telle que non seulement nous-mêmes, mais aussi le dieu que nous avons créé, et le paradis que nous avons également créé ne prennent en compte que les gens qui réussissent ! Si un journalier meurt, potentiellement son destin c’est l’enfer ! Aucun président ne va jamais en enfer – ils vont directement au paradis !
Nous devons détruire cette façon que nous avons de mettre la réussite au centre de tout. Si vous voulez réellement faire quelque chose pour vos enfants, et si vous aimez vos enfants, arrêtez de mettre la réussite au centre de tout, et créez un nouveau centre : l’accomplissement personnel, l’épanouissement.
Si vous avez un peu d’amour pour l’humanité, et si vous voulez vraiment l’avènement d’un monde nouveau, une nouvelle culture, un nouvel homme, vous devrez admettre que ça na va pas, que toutes ces vieilles croyances stupides doivent être détruites, et qu’il vous faut réfléchir à la manière de créer une rébellion qui provienne de l’intérieur même de l’individu.
Actuellement tout est faux, et donc on crée un homme faux.
Un professeur doit fondamentalement être un grand rebelle face à ce monde, c’est seulement comme cela qu’il peut faire grandir la nouvelle génération. Mais le professeur est un traditionaliste et ne cesse de répéter les vieilles imbécillités. Les enseignants ne changent pas. Avez-vous jamais entendu parler d’un enseignant à l’esprit rebelle acéré ?
C’est la personne la plus orthodoxe, la plus traditionnelle, et du coup la plus dangereuse qui soit.
La société ne reçoit rien de bon de lui.

Quelle sorte de rébellion est-ce que j’attends d’un enseignant ?
Devrait-il brûler les maisons ? Faire dérailler les trains ? Brûler les autobus ? Non !
Qu’on ne se méprenne pas sur ce que je dis.
Je dis seulement que son approche de ce qu’il appelle SES valeurs – son approche de ce qu’on appelle NOS valeurs – doit être animée par un sens critique, un esprit rebelle, et qu’il devrait réfléchir clairement et précisément à ce qui ne va pas.

Quand on dit à un enfant que c’est un âne, qu’il est un idiot, parce qu’il y en a un qui est loin devant lui, regardez si vous pensez vraiment que ce qui est dit à cet enfant est juste. Peut-il y avoir deux personnes égales dans ce monde ? Est-ce vraiment possible que celui que vous traitez d’âne puisse devenir pareil à celui qui est loin devant lui ?
Est-ce que cela a jamais été possible ?
Chacun est juste comme il est ; il n’est pas question de la moindre comparaison. Il ne devrait donc n’y avoir aucune évaluation - ni aucune comparaison avec les autres.
Une petite pierre est petite et une grosse est grosse.
Il y a de petites plantes et des grandes.
Un brin d’herbe est un brin d’herbe et un rosier un rosier : la nature, elle, n’est ni déçue par le brin d’herbe, ni fière du rosier.
Elle donne vie au brin d’herbe avec autant de joie qu’au rosier.
Si vous mettez de côté le mental humain, entre un brin d’herbe et un rosier, qui est le plus grand et qui est le plus petit ?
Rien n’est petit ou grand.
Le brin d’herbe est-il inférieur au sapin ? Si c’était le cas, Dieu aurait détruit le brin d’herbe et laissé dans le monde seulement les sapins.

Ce que les hommes ont choisi comme valeurs est quelque chose de faux.
Ce ne sont pas des valeurs du tout.

OSHO Revolution in Education – premières pages…
1967-1969
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